Mon cœur de maman est gros ce matin. Et pourtant, je pensais que ça allait se passer sans problèmes et que la joie de voir ma fille partir en classe verte avec sa Kita allait l'emporter sur la mélancolie.
Cela s'est effectivement passé sans problèmes, pas de larmes de la part de ma Louloute, toute heureuse de passer du temps avec ses meilleures copines...mais moi, sur le chemin du retour, en la quittant, j'avais une boule dans la gorge.
Comme un fait exprès, juste avant leur départ en voyage, les enfants de la Kita ont libéré les papillons qu'ils élevaient depuis quelques jours, du stade de chenille, puis chrysalide, au stade de papillon. Hasard de calendrier tout simplement, mais je n'ai pas pu m'empêcher de penser que mon petit papillon à moi (qui portait justement ce jour-là un T-shirt avec un papillon dessus...ça ne s'invente pas !) s'envolait aussi pour quelques jours.
Je suis sûre que ça se passera bien. J'ai une confiance absolue en l'équipe d'éducatrice qui les accompagne. En plus Louloute n'a quasiment plus de problèmes pour se faire comprendre en allemand et qui plus est, ils ne sont que 7 enfants pour 3 éducatrices. Les conditions de séjour sont donc optimales.
Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'elle est encore toute petite, qu'elle aura peut-être du chagrin ce soir en pensant qu'elle n'aura pas sa petite chanson, son petit verre d'eau, sa petite lumière sur le pallier. Qu'elle sera peut-être désemparée quand elle ne trouvera pas son maillot de bain dans la valise (et pour cause, je l'ai oublié. Honte sur moi). Je ne peux pas m'empêcher de me voir 25 ans plus tôt, pleurant sur mon lit à l'internat (j'ai été interne en CM1 et CM2) parce que j'avais oublié le pochon en tissu qui me servait de sac à linge sale.
Et pourtant, tout laisse penser que cela va bien se passer. Ma Louloute se fait une joie de partir, elle a préparé sa petite valise avec entrain et n'avait eu aucune hésitation ni appréhension quand nous lui avons annoncé pour la première fois qu'elle allait partir 4 jours avec sa Kita. Deux jours avant le départ, elle m'a dit, avec des trémolos dans la voix "Oh, mais je vais bientôt devoir me séparer de mes....poupées!" (moi qui pensait qu'elle allait dire "de mes parents" , je m'apprêtais à lui répondre "...dans mes bras ma puce d'amour" Raté! Tant mieux d'ailleurs!).
Et en plus, ses capacités d'adaptation n'ont pas fini de nous épater. Depuis qu'elle est bébé, nous la trimbalons au gré de nos déménagements, d’appartements en maisons, de crèche en nounou (2 crèches et 2 nounous en 2 ans et demi...). Après son année de petite section, voilà que nous lui faisions connaître un déracinement déménagement à l'étranger. Une langue inconnue, une ville inconnue, une vie inconnue. De nouveaux amis, de nouveaux points de repères à acquérir...et voilà qu'il nous faut repartir dans l'autre sens, pour la France, mais dans une nouvelle ville, encore (nous ne rentrons pas encore dans notre ancienne ville.. un petit détour est une fois de plus au programme, eh oui!). En mars, nous avons passé un mois à Varsovie et elle est allée à l'école (française) avec bonheur et comme si de rien n'était, comme si elle n'avait connu que ça depuis toujours. Oui, nous lui en faisons voir à notre Louloute. Voir de toutes les couleurs. Voir du pays.
Et à chaque fois, jamais elle ne se plaint, jamais elle ne conteste. Elle s'adapte avec le plus grand naturel et elle m'épate.
Quand mon petit papillon reviendra, je suis sûre que je serai encore impressionnée par ses prouesses.
Vivement jeudi.
©Chris Walch / pixelio.de