"Il faut parler aux bébés" : ça semble être un fait établi que personne ne veut remettre en cause.
Pourquoi? Parce que c'est bon pour le développement de leur langage, pour la communication parents/enfants, pour la transmission des émotions, pour plein de choses.
Et pourtant, je ne peux pas dire que je parle à mes bébés. Enfin, pas tout le temps. A certains moments plus qu'à d'autres. Dans certaines situations davantage que dans d'autres.
Et ça commence avec la grossesse. "Votre bébé entend les sons et perçoit l'écho de votre voix dès le 7ème mois. Parlez-lui doucement, expliquez-lui que vous êtes heureuse de l'accueillir..blablabla." C'est ce qu'on lit dans Famiparent / Infomaman / 40 semaines et plus si affinités... Et pourtant, ça ne m'a jamais parlé (c'est le cas de le dire). J'ai rarement tapé la causette avec mes petits lorsqu'ils étaient dans mon ventre. Déjà, j'avais le sentiment de parler dans le vide, de rompre le silence de la pièce en me mettant à parler à un être invisible. Genre "hum, hum, un-deux...un-deux (C-cilou s'éclaircit la voix parce qu'il est déjà 13 h et qu'elle n'a encore parlé à personne aujourd'hui) coucou bébé, c'est maman, tu m'entends? Tu vois, je fais des pâtes avec des oeufs sur le plat et ce que tu entends en fond sonore, c'est le jeu des 1000 Euros"*. Vraiment l'impression d'avoir l'air stupide. Et surtout, je ne leur adressais pas beaucoup la parole parce que j'avais l'impression de communiquer autrement avec eux. Déjà, par le toucher, les caresses, la réponse rassurante de la main posée sur le ventre au petit coup de pied qui m'interpelait. Et ensuite, je ne sais pas, par la pensée peut-être, par les émotions. Quelque chose de bien plus abstrait en tous cas que le compte-rendu de ma journée et l'avancée des travaux de la chambre.
Ensuite, à la naissance, je leur ai parlé, bien sûr. La voix est rassurante et même si je ne m'adressais pas directement et intentionnelllement à eux, ils la connaissaient et la reconnaissaient. Je leur ai dit des mots rassurants quand ils pleuraient, quand ils peinaient à s'endormir. Mais je ne les ai pas abreuvé d'un flot de paroles inutiles sur la couleur de leur babygro si joliment assortie à celle de leur bonnet. Du coup, je leur parlais, mais pas hyper souvent. Je ne me suis jamais forcée en tous cas. Je suis beaucoup plus à l'aise avec le contact et le réconfort que pourraient éventuellement leur apporter mes caresses, l'étreinte rassurante de mes bras, mes baisers sur le haut de la tête. En revanche, je leur parlais pour leur dire les choses qui les concernaient directement. "Je suis malade, je ne peux pas beaucoup m'occuper de toi en ce moment, mais tu sais que Papa est là". ou "Là, on va aller chez tes grands-parents. Tu ne les vois pas beaucoup, mais ils comptent beaucoup pour nous et tu comptes beaucoup pour eux." D'ailleurs, j'ai lu quelque part que le toucher et les messages véhiculés par le corps étaient à mettre en relation directe avec la communication verbale. Par exemple, il est important, quand on a quelque chose à annoncer à son enfant, de le poser sur ses genoux. Il se passe alors quelque chose au niveau de la tension du corps qui vient relayer le message oral. Et ça, ça me parle. Je ne culpabilise pas de ne pas tant parler que ça à mes enfants. Je fais comme je le sens.
Alors certes, Loulou, à 7 mois, raconte beaucoup de choses, mais plutôt sous formes de petits cris et de gazouillis, que sous forme de syllabes (ba-ga-ma etc.), comme les bébés de son âge. Est-ce que c'est parce que je ne lui parle pas assez? Je ne sais pas, mais je me rassure en me disant que je n'ai pas fait différemment avec sa soeur qui a développé très tôt et très bien le langage. Chaque enfant est différent...
Et vous, comment êtes vous avec bébé: pipelette ou contemplatrice?
* situation typique que m'a rappelé cet article hilarant (la femme au foyer: cool / pas cool)